Élections européennes : pressé par Macron, Attal prépare son entrée en campagne

par E.B avec Matthieu DESMOULINS
Publié le 30 avril 2024 à 21h11

Source : TF1 Info

Accusé d'être trop en retrait, le Premier ministre compte monter au créneau dans cette campagne qui voit la candidate Renaissance Valérie Hayer patiner dans les sondages.
Gabriel Attal n'a pas vraiment le choix : Emmanuel Macron a appelé à la mobilisation générale du gouvernement, alors que Jordan Bardella (RN) caracole en tête des intentions de vote.

"Tout le monde au charbon !" Voilà en substance le message désormais passé par Gabriel Attal à chaque réunion de la majorité. Face au retard engrangé par la tête de liste Valérie Hayer, devancée de près de 15 points par le Rassemblement National et talonnée par Raphaël Glucksmann dans le rolling quotidien Ifop-Fiducial pour LCI, l’heure est à la mobilisation générale. 

Preuve du vent de panique qui secoue la majorité à six semaines des élections électorales, le Premier ministre a fait savoir lundi matin qu’il était prêt à débattre avec Jordan Bardella. "Je vais probablement accepter", a-t-il glissé lors d’une réunion de coordination avec la porte-parole du gouvernement, la ministre chargée des Relations avec le Parlement et leurs cabinets respectifs.

Il faut coincer [Jordan Bardella] contre un mur dans un face-à-face qu'il ne peut pas refuser"
Un proche de Gabriel Attal

Un revirement à 180 degrés, alors que le chef du gouvernement refusait encore récemment de débattre en prime time avec le dauphin de Marine Le Pen. "Pas [son] rôle", répétait-il en privé. La raison de ce changement de pieds ? "Bardella fuit les débats avec les autres têtes de liste et les questions des journalistes, il faut le coincer contre un mur dans un face-à-face qu’il ne peut pas refuser", assure un proche. Correction amère d’un cadre de la majorité : "Il a surtout fallu qu’il se prenne une amicale pression du Président pour enfin mettre un orteil dans la campagne." 

En interne, des critiques se font entendre ces dernières semaines, pointant un manque d’implication du Premier ministre dans la campagne. Au point de remonter jusqu’à l’Élysée. Le président de la République a d’ailleurs récemment demandé à Gabriel Attal de s’investir davantage et de monter en première ligne, rapportent plusieurs de ses interlocuteurs. "Je souhaite que le Premier ministre débatte avec Jordan Bardella pour le forcer à sortir de toutes ses ambiguïtés", confiait Emmanuel Macron vendredi dernier en marge de son déplacement à Strasbourg, selon des propos rapportés par Le Canard Enchaîné. 

Reçu 5/5 par le bon élève Attal. Le locataire de Matignon a inauguré lundi soir le tout premier "comité politique" de la campagne, et entend se démultiplier sur le terrain jusqu’au scrutin. Samedi dernier à la foire aux bulots de Pirou dans la Manche, le 1ᵉʳ mai dans une fête foraine du Loiret... À chaque fois, "à portée de baffes", insiste ses conseillers, et avec les moyens de Matignon. Un meeting à Laval, sur les terres de Valérie Hayer, est également dans les tuyaux pour le courant du mois de mai. Et d’inviter les députés de la majorité, en réunion de groupe mardi matin, à faire remonter à Matignon toutes les foires et marchés où il pourrait se déplacer dans les prochaines semaines. "Il est obligé de se déployer s’il veut sauver sa peau, décrypte un confident d’Emmanuel Macron. Si l’écart avec le RN reste aussi fort que les sondages les prévoient, le Président ne pourra pas y voir autre chose qu’un vote sanction et devra en tirer les conséquences."

Pas de jour férié quand on est en campagne."
Gabriel Attal

Alors à la veille du 1ᵉʳ mai, à huis clos avec plusieurs ministres, Gabriel Attal a battu le rappel : "Il n'y a pas de jour férié quand on est en campagne." Emmanuel Macron veille au grain. "À chaque conseil des ministres, on a un laïus sur le besoin de se mobiliser à fond", raconte un ministre. Le président de la République a d’ailleurs demandé à recevoir chaque semaine un bilan de la campagne. Quels ministres ont essuyé les estrades des réunions publiques ? Et lesquels se "planquent" ? "C’est son outil d’évaluation par excellence en cas de grosse défaite le 9 juin", croit savoir une ministre dans le haut du tableau. Un coup de pression, en bonne et due forme.


E.B avec Matthieu DESMOULINS

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