Volodymyr Zelensky s'est félicité lundi de "la destruction" de l'Askold.Ce tout nouveau navire russe se trouvait alors sur un chantier naval en Crimée.Les images et vidéos qui nous viennent de cette région annexée confirme les dégâts, mais pas la destruction.
Le navire n'a même pas eu le temps de montrer ses capacités. Ce lundi 6 novembre, le président ukrainien s'est félicité de "la destruction" de l'Askold, en référence à ce nouveau navire russe qui n'avait encore jamais quitté le chantier naval de Kertch, en Crimée ukrainienne annexée. Un message de Volodymyr Zelensky qui est arrivé deux jours après que son armée a dit avoir mené "avec succès" une attaque dans cette zone.
Dès le 4 novembre, plusieurs sources ukrainiennes assuraient en effet qu'un navire russe avait été touché par une frappe ukrainienne, sans préciser le nom du bâtiment. Dans un message posté sur Telegram, le commandant de l'armée de l'Air ukrainienne, Mykola Oleshchuk, écrivait ainsi que les missiles de Kiev avaient ciblé "l'un des navires les plus modernes de la marine russe". De son côté, le ministère russe de la Défense était resté timide à ce sujet, déclarant seulement dans un premier temps que l'Ukraine avait tiré 15 missiles de croisière vers le chantier naval, dont 13 avaient été interceptés. "Un navire du chantier naval a été endommagé par un missile de croisière ennemi", avait ensuite ajouté les agences de presse russe. Alors que sait-on réellement de cette attaque ?
La partie haute du navire visiblement endommagée
De nombreuses vidéos et images permettent d'en savoir plus. D'abord, dès la matinée de l'attaque, le chef de l'armée de l'Air ukrainienne a diffusé une vidéo montrant un incendie au loin. Les éléments visuels, comme les six grues portuaires, prouvent qu'on se situe bien dans le chantier naval de Zaliv, situé près de la ville de Kerch.
Une deuxième vidéo permet de comprendre l'ampleur de la frappe. Diffusée ce lundi, celle-ci a été prise au sein de l'infrastructure, comme le prouvent les données de géolocalisation identifiées par Geoconfirmed, un collectif qui met à jour régulièrement les données de localisation de vidéos disponibles en ligne. On y voit un premier missile s'abattre sur un navire à quai, provoquant plusieurs explosions, suivi d'un deuxième avec une plus grosse détonation. Or, cette vidéo montre bien un navire porte-missiles de croisière de classe Karakurt, du nom de ce projet lancé par Moscou en 2018.
On l'identifie grâce à son radar à antenne active et son système anti-aérien Pantsir-M, déployé sur ce type de corvettes. Sa coque bicolore très caractéristique – l'avant de couleur grise et l'arrière de couleur noire – prouve quant à elle qu'il s'agit des derniers navires, dont fait justement partie l'Askold, comme le montrent les clichés diffusés par la presse russe au moment de son lancement, en septembre 2021. Enfin, ce petit porte-missile était bien situé début novembre dans le chantier naval de Zaliv après des essais en mer Noire, selon le site d'information navale Maritime Executive. Le bâtiment, armé de huit missiles de croisière Kalibr, devait officiellement rejoindre les opérations de la flotte russe avant la fin d'année, d'après la même source.
This CCTV footage shows the Russian ship being hit by multiple missiles. https://t.co/xdWFRzQTIu pic.twitter.com/yw6X48peAO — Benjamin Pittet (@COUPSURE) November 6, 2023
La vidéo prouve donc bien qu'un navire en tout point similaire à l'Askold, situé dans le chantier naval de Kertch, a été frappé samedi, provoquant d'importantes explosions. Mais c'est une dernière image, apparue dans la soirée de lundi, qui est venue prouver l'étendue des dégâts. Les différents indices visuels, dont la fameuse tourelle Pantsir-M, montre qu'il s'agit bien d'une photo du même navire.
Or, des dégâts sont très clairement visibles sur toute la partie gauche du haut du navire. Dans les pages du Kyiv Independent, le capitaine de la marine ukrainienne, Andriy Ryzhenko, confirme cette analyse. Estimant qu'il s'agit "probablement" du navire Askold, il indique que "la partie supérieure du navire est considérablement endommagée". Le chef de la marine reconnaît cependant que le navire est "toujours à flot", prouvant que la coque n'a pas été endommagée.
La phrase qui résume finalement le mieux ce que prouvent les différentes photos et vidéos est finalement celle choisie par le Bureau de la communication stratégique de Kiev. Dans une publication sur Telegram, cette branche des forces armées ukrainiennes écrit que le porte-missiles Askold "a été endommagé", sans parler de destruction, ajoutant toutefois que les "dommages importants pourraient être irréparables". Détruit ou pas, il n'en reste pas moins que le navire ne lancera aucun missile Kalibr. Ce sont précisément ces engins qui menacent l'Ukraine et ses infrastructures à l'approche de l'hiver.
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