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Présidentielle 2022 : Marine Le Pen appelle-t-elle dans son programme à une "alliance avec la Russie" en matière de défense ?

Publié le 3 avril 2022 à 18h45
Marine Le Pen lors d'une visite en Russie, en 2013.
Marine Le Pen lors d'une visite en Russie, en 2013. - Source : KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

La guerre en Ukraine a propulsé dans la campagne les sujets de défense et de diplomatie, avec la Russie en toile de fond.
Marine Le Pen est visée par la majorité, car elle plaiderait pour une alliance en matière de défense avec Moscou.
Une telle alliance est bel et bien mentionnée dans le programme de la candidate du RN.

Le déclenchement de la guerre en Ukraine a modifié le cours de la campagne présidentielle. Des événements qui ont poussé les candidats à préciser leur vision de la politique de défense et à livrer leur vision de ce que devrait être la place de la France dans les relations internationales. Sur ces points, le Rassemblement national fait l'objet d'une série d'attaques, visant une prétendue connivence du parti dirigé par Marine Le Pen avec la Russie.

Dernière sortie notable en date, celle de Barbara Pompili, rapportée par un journaliste de Libération. Les propos prêtés à la ministre de la Transition écologique sont les suivants : "Allez voir la page 10 de son programme sur la défense. Il est encore écrit qu’il faudra rechercher une alliance avec la Russie. Quand je vois ça et que je me dis que cette personne pourrait être chef des armées dans un mois..." 

Un élément du programme dévoilé avant la guerre

Trouve-t-on mention d'une telle "alliance" avec Moscou dans le programme de Marine Le Pen ? Oui, au sein d'un cahier thématique du programme consacré aux questions de défense. "Sans crainte des sanctions américaines, il sera recherché une alliance avec la Russie sur certains sujets de fond", peut-on lire. Est notamment citée "la sécurité européenne", qui "ne peut exister sans elle, la lutte contre le terrorisme qu’elle a assurée avec plus de constance que toute autre puissance, la convergence dans le traitement des grands dossiers régionaux impactant la France (Méditerranée orientale, Afrique du Nord & centrale, Golfe/ProcheOrient et Asie notamment)".

undefinedundefinedProgramme défense de Marine Le Pen

Il faut souligner que ce document a été mis en ligne par le Rassemblement national avant que ne débute la guerre en Ukraine. Grâce au site Internet Archive, on observe que les éléments de programme dédiés à la défense étaient déjà dévoilés à la mi-février. D'autres éléments vont par ailleurs dans le sens d'un rapprochement avec la Russie, comme le fait de vouloir "quitter le commandement intégré de l’OTAN", mesure définie comme une "priorité".

Le rééquilibrage diplomatique voulu par Marine Le Pen doit également passer par la remise à plat de certains partenariats. Si le rôle de la Russie est remis en avant, "la relation avec l’Allemagne sera largement remaniée : partant du constat d’une profonde et irrémédiable divergence de vues doctrinale, opérationnelle et industrielle avec Berlin, notamment dans le domaine de la dissuasion nucléaire et de l’exportation d’armement". Enfin, "Paris prendra l’initiative d’une renégociation avec Washington des fondements complets de son partenariat dans tous les domaines. Il est attendu de cette négociation directe la

fin des dépendances trop souvent tolérées", peut-on lire. 

La candidate RN, si elle adapte sa communication face au conflit en Ukraine, ne renie pas la main tendue à la Russie. Cette semaine sur France 2, la question suivante lui a été posée : "Est-ce que Vladimir Poutine peut redevenir un allié de la France ?" Ce à quoi elle a répondu du tac au tac : "Oui, bien entendu." Cela "dépend des terrains", a-t-elle ajouté, "je l'ai toujours dit, une grande puissance peut être en même temps un allié dans un certain nombre de territoires, un adversaire ou un concurrent". Quand Marine Le Pen affirme se positionner à "équidistance", Mediapart met en avant les nombreux appels du pied et prises de positions prorusses affichés au cours de la dernière décennie. Outre les prêts contractés auprès de banques russes, le site rappelle aussi l'opposition aux sanctions internationales contre Moscou au Parlement européen. Tout en rappelant que la députée du Pas-de-Calais avait partagé en 2011 son "admiration" pour Vladimir Poutine.

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Thomas DESZPOT

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