Lactose, gluten, fructose… Ces intolérances alimentaires, cauchemars des parents

Publié le 10 juin 2023 à 10h00

Source : JT 20h Semaine

Certains enfants ne peuvent pas manger tout ce qu’ils veulent. Ils souffrent d’intolérances alimentaires (également appelées allergies retardées).
Peu graves, elles ne sont pas toujours détectées par les gastro-entérologues ou allergologues.
Les parents doivent s’adapter.

Dans le monde, environ 3 % des enfants souffrent d’allergies ou d’intolérances alimentaires. Les premières peuvent devenir très graves : votre système immunitaire se retourne contre votre propre corps et les cellules de défense considèrent les protéines inoffensives comme un danger. Vous ressentez des symptômes immédiatement et pouvez même en mourir. Les secondes, également appelées allergies retardées, n’affectent que la digestion.

Estomac douloureux, diarrhées, nausées, gorge gonflée, fatigue… Les gênes et douleurs ne se produisent que plusieurs heures après l’ingestion d’une certaine quantité d’aliments. Incapable de métaboliser un composant de ce qui est ingéré, l’organisme finit par développer une réaction gastrique.

Lait, pâtes, pain, fruits… plusieurs aliments touchés

On trouve plusieurs familles de molécules alimentaires pouvant susciter une intolérance.

Lactose : les victimes ne produisent pas suffisamment de lactase présent dans le lait de vache. Cet enzyme décompose le lactose du sucre du lait dans l'intestin grêle afin de le digérer. Les populations d’origine africaines et asiatiques sont davantage touchées.

Fructose et sorbitol : omniprésente dans le miel et les fruits, la protéine qui le transporte vers la circulation sanguine est défectueuse. Le fructose se déplace de l'intestin grêle vers le gros intestin.

L’histamine : causée par une carence en diamine-oxydase, enzyme qui décompose l'excès d'histamine dans l'organisme, elle se trouve essentiellement dans le fromage ou dans le vin rouge.

Gluten : les médecins considèrent l'intolérance au gluten comme une pathologie auto immune appelée maladie cœliaque. Le gluten protéique des céréales (blé, épeautre, seigle, orge) entraîne une inflammation de la muqueuse intestinale. Elle se diagnostique par le biais d’examens sanguins et d'une fibroscopie.

Catherine Quequet, médecin allergologue et auteure du livre "Les Nouvelles Allergies" aux Éditions du Rocher, rassure les parents : "Chez l’enfant, l’intolérance au lactose reste très rare, elle arrive plutôt vers la vingtaine. Difficile de la détecter : certains arrivent à boire un verre entier de lait sans symptômes, d’autres mangent du beurre et ne peuvent pas en boire, etc. En réalité, l’organisme ne tolère pas des aliments à cause d’un intestin fragile ou après une pathologie intestinale inflammatoire. Souvent, on ne sait pas trop d’où ça vient." Céline Migeot, pédiatre allergologue au CHR d’Orléans, renchérit : "Je vois des enfants intolérants très régulièrement. Je cherche des causes sans forcément les trouver : certains nous parlent d’intolérance au lait alors qu’ils mangent de l’emmental, par exemple. Si je ne trouve pas, je rédige automatiquement un PAI (projet d’accueil individualisé) pour le médecin scolaire. Dans ce cas-là, l’école est obligée de prendre en compte les particularités alimentaires de l’enfant."

"Un casse-tête au quotidien"

Il suffit de faire un appel à témoignage pour mesurer l’importance du problème. Jessica parle d’un "casse-tête au quotidien" tandis qu’Émilie raconte un "long combat pour être pris en charge par les médecins". Le fils de 5 ans de Jenna est suivi depuis deux ans par un gastro-entérologue. Intolérant au lactose, il peut néanmoins en ingérer dans des préparations cuites. "Le médecin m’a aidé à cibler les aliments à éviter. Mon enfant parvient maintenant à identifier les aliments qui ne lui provoquent plus de douleur ou de diarrhée. S’il ne mange pas la quantité de lactose dont il a besoin quotidiennement, il prend un traitement pour combler son manque." Elle a cessé de débusquer les produits sans lactose dans les commerces : "C’est trop compliqué et les quelques produits sans lactose restent hors de prix et je ne peux pas me permettre de les acheter."

À l’école, le fils de Jenna ne mange plus de repas complet à la cantine. Sans PAI, la mère de famille fait au mieux : "Je cible chaque jour les menus et je fais en conséquence les repas du soir pour lui apporter ce qui lui manque". Elle reproche surtout aux parents de ne pas jouer le jeu : "Les fêtes d’école deviennent impossibles à gérer. Mon enfant s'est vu distribuer des gâteaux et bonbons à base de lactose malgré mes avertissements. Je dois faire partie des seuls parents qui respectent les risques d'allergie lors de goûter. Si je fais une remarque, on me répond qu’il n’y a que 2 ou 3 élèves intolérants donc on ne va pas s’embêter pour si peu."

Attention, ces intolérances restent difficiles à tester. Sur Internet, vous pouvez lire que le fructose, le sorbitol et le lactose se testent par la respiration, tandis que des analyses de sang permettent de détecter les intolérances à l'histamine et au gluten. Catherine Quequet demeure vindicative : "Attention aux fausses intolérances. Les laboratoires proposent des tests qui coûtent très cher et qui ne sont pas remboursés. Pour moi, ils ne servent à rien. Demandez toujours une validation médicale."


Geoffrey LOPES

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