Tempête solaire et orages géomagnétiques : quelles conséquences pour nous sur Terre ?

Publié le 6 août 2022 à 8h00

Source : JT 13h Semaine

Le Soleil est entré dans un nouveau cycle dont le pic d’activité culminera en 2025, d'où la multiplication des éruptions solaires à la surface de notre étoile.
Rassurez-vous, ces phénomènes ne présentent aucun danger pour la survie de l’humanité, mais ils ne sont pas non plus sans conséquences.
Explications.

Comme vous et moi, le Soleil a aussi ses humeurs. Cycliquement, tous les onze ans, notre étoile atteint ce qu’on appelle le maximum solaire. En d’autres termes, son pic d’activité. Le prochain est prévu pour 2025 et d’ici là l’astre solaire risque bien d’afficher un tempérament explosif. Mais pas d’inquiétude, les colères de notre étoile n’ont jamais mis en péril la survie de l’humanité. Et pour cause, notre planète possède un bouclier qui nous protège des effets des rayonnements et des particules émises par ces manifestations. De même, la chaleur émise par ces éruptions solaires - dont la température atteint jusqu’à 15 millions de degrés Celsius - n’est pas en mesure de nous atteindre, en raison de la distance qui nous sépare du Soleil. Il n'empêche, les agences spatiales scrutent avec attention ces phénomènes qui ne sont pas non plus sans conséquences. 

En effet, ces événements violents à la surface de notre étoile peuvent aussi provoquer de gigantesques tempêtes, qui se forment à partir d'éjection de masse coronale qui s'échappe de la couronne solaire. Se forme alors un immense nuage de plasma - des ions et électrons essentiellement - qui se déplace à la vitesse de plusieurs milliers de kilomètres par seconde à travers le Système solaire. En entrant en contact avec le champ magnétique terrestre, celui-ci peut causer ce qu'on appelle un orage géomagnétique. Et avec lui, pour principales conséquences, de magnifiques aurores boréales dans certaines parties du globe (y compris en France), mais aussi des perturbations potentielles pouvant affecter le bon fonctionnement du réseau électrique et des systèmes de télécommunications qui, rappelons-le, dépendent principalement des satellites.

Cette infographie, réalisée par l'Agence spatiale européenne, montre les effets potentiels d'une tempête solaire qui atteint la Terre.
Cette infographie, réalisée par l'Agence spatiale européenne, montre les effets potentiels d'une tempête solaire qui atteint la Terre. - Esa

Détecter ces événements au plus tôt, c'est tout l'enjeu de la météorologie spatiale, une discipline encore assez récente mais non moins utile, quand on connaît les conséquences potentielles. "Dans un monde de plus en plus technologique, où presque tout le monde possède des téléphones portables et où le GPS contrôle non seulement votre système de cartographie embarqué mais aussi la navigation aérienne et les horloges extrêmement précises qui régissent les transactions financières, la météo spatiale est une affaire sérieuse", souligne l'Agence spatiale américaine sur son site internet. Heureusement, grâce aux progrès de la science, les scientifiques sont aujourd'hui capables de prévoir ces événements, plus ou moins à l'avance. 

Les observations menées au cours des dernières décennies par les agences spatiales ont notamment permis de démontrer que le cycle d’activité de notre étoile s’étend sur une période de onze ans. Le soleil est récemment entré dans une nouvelle phase. Et depuis deux ans, le nombre de taches à la surface de notre étoile (un indicateur pour mesurer son activité) dépasse toutes les prévisions, d'où la multiplication de ces phénomènes. Grâce aux satellites et aux sondes spatiales, les scientifiques scrutent à la loupe la moindre étincelle à la surface de notre étoile. Ils les classent sur une échelle de 1 à 5 (assorti de la lettre "G" pour "Geomagnetic" en anglais), en fonction de leur intensité et ainsi être en mesure de lancer une alerte, en cas de besoin.

En février puis en juillet dernier, deux orages géomagnétiques d'intensité modérée (G3) avaient été détectés avec quelques jours d'avance par le Centre de prévision météorologique spatiale de la NOAA (l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique). L'un comme l'autre n'ont pas eu de conséquences. Mais ce n'est pas toujours le cas. Et les exemples ne manquent pas. Le 12 mars 1989, une éruption solaire avait ainsi plongé dans le noir les habitants du Québec pendant plus de neuf heures. En 2003, du 19 octobre au 7 novembre, des orages géomagnétiques avaient contraint les contrôleurs aériens à modifier le trajet de certains avions. Plus récemment encore, en 2015, une tempête solaire avait brièvement mis hors d’usage les radars des grands aéroports du sud de la Suède et entraîné d’importants retards. 

Il y a dix ans, la Terre a frôlé la catastrophe

Le risque d'un gigantesque "black out" est pourtant bien réel, comme le rappelle la Nasa sur son site internet, citant en exemple un événement survenu le 23 juillet 2012. Ce jour-là, la Terre a échappé de peu à "une gigantesque tempête solaire" qui, en cas d'impact, aurait pu "renvoyer la civilisation contemporaine au XVIIIe siècle", avec un coût estimé "à quelque 2000 milliards de dollars" pour l'économie mondiale. De son côté, l'Agence spatiale européenne (Esa) souligne également l'importance d'anticiper ces événements, rappelant que de telles tempêtes pourraient mettre à genoux le système de navigation par satellite Galileo et réduire la durée de vie des satellites en orbite, tout en mettant en péril "la santé des astronautes à bord de la Station spatiale internationale", du fait des radiations.  

Des aurores boréales dans le ciel de CaenSource : JT 13h Semaine

2025, une année à aurores polaires

Mais ces explosions et autres tempêtes solaires sont aussi une bonne occasion d'admirer dans certaines parties du globe de magnifiques aurores polaires. Et aussi parfois en France, comme ce fût le cas en mai dernier où les Normands ont eu la chance d'apercevoir ces manifestations célestes qui se dessinent dans le ciel nocturne (voir vidéo ci-dessus). En se mélangeant aux atomes d’oxygène et de nitrogène présents dans la magnétosphère, ces particules solaires libèrent des photons, donc de la lumière. Celles que l’on observe le plus couramment sont de couleur verte. Mais en cas d’activité solaire très intense, il est occasionnellement possible d’admirer des aurores polaires rouges, bleues et mauves. C'est déjà une certitude, sachez-le : 2025 sera une année exceptionnelle pour les observer !


Matthieu DELACHARLERY

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