VIDÉO - Armée de terre : comment expliquer la crise inédite de recrutement ?

par Marie TERANNE | Reportage Victor Topenot, Frédéric Petit
Publié le 30 octobre 2023 à 17h48

Source : JT 13h Semaine

L'armée de terre n'atteindra pas ses objectifs de recrutement cette année.
Près de 2500 militaires manqueront à l'appel, une première depuis presque dix ans.
TF1 fait le point sur cette crise et ses raisons.

Moins de candidats au garde-à-vous. Cette année, entre 2000 et 2500 militaires manqueront par rapport à l’objectif fixé, une première depuis presque 10 ans. Chaque année, l'armée doit attirer en moyenne 16.000 nouveaux soldats pour assurer le renouvellement des générations et garantir ses missions. "Nous connaissons quelques difficultés inédites", avait convenu le général Marc Conruyt, directeur des ressources humaines de l'armée de terre, en rencontrant le 4 octobre dernier l'Association des journalistes de défense, même s'il avait appelé à ne pas tirer de conclusions hâtives selon des propos rapportés par Le Figaro

Le phénomène ne concerne pas seulement la France. En Allemagne, les recrutements sont en recul de 7%, selon une information du magazine Der Spiegel. Aux États-Unis, l'armée n'a pas rempli ses effectifs de 25% en 2022, laissant 15.000 places vacantes.

Difficultés de recrutement dans certains domaines

"Tu penses quoi de ton tir ?", lance un formateur à un jeune soldat dans le reportage de TF1 à retrouver en tête de cet article. Dans ce centre de formation militaire situé à Dieuze (Moselle), plus de la moitié des élèves vont rejoindre des régiments d’infanterie. Ils veulent devenir maîtres-chiens : "Cela reste très physique, il faut se dépasser, mais cela reste progressif", explique l'un d'entre eux. En France, l'armée de terre a bénéficié depuis 2015 d'un élan, lié notamment à l'impact des attentats, et l'effet perdure toujours. Mais si l'armée parvient toujours à attirer de futurs fantassins, elle peine en revanche à recruter des spécialistes dans certains domaines comme le numérique, la maintenance, ou encore les langues pour les missions de renseignement.

"Ce sont des domaines très concurrentiels, puisque toutes les spécialités auxquelles nous formons, nous avons exactement les mêmes dans les domaines civils. Il faut qu'on parvienne à recruter les bons techniciens qui sont motivés, qu'on va pouvoir faire évoluer, et qui se plaisent dans nos institutions", explique le lieutenant-colonel Mickaël, commandant en second du CFIM (Centres de formation initiale des militaires du rang) des transmissions de Dieuze. 

Un enjeu de fidélisation

Dans le centre de recrutement de Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), toujours autant de candidats viennent pourtant déposer leurs dossiers et passer les premières épreuves de sélection. "C'est plus difficile que ce que je pensais !", réagit l'un d'entre eux, en sueur. "Le dépassement de soi, c'est une valeur importante dans l'armée, et le sport, c'est une passion pour moi, donc je peux allier les deux", affirme une autre candidate avec le sourire.

L'armée de terre fait alors un constat : une recrue sur trois quitte l'institution dans les six premiers mois. L'enjeu est donc de fidéliser davantage et de mettre en avant les évolutions de carrière d'un soldat. "Il va pouvoir prendre plus de responsabilités, il va pouvoir monter en grade. Et tout cela lui permet de se projeter sur le long terme pour se dire 'non seulement je fais un beau métier, et en plus, j'ai des vraies perspectives devant moi", explique avec assurance le lieutenant-colonel Hubert de Quièvrecourt, chargé des recrutements au sein de l'armée de terre. 

Fidélisation des personnels au-delà de 5 ans, gestion individualisée des parcours, amélioration des conditions de vie dans le cadre du "Plan famille", efforts financiers sur les métiers en tension... Pour faire face à cette crise de recrutement, l'armée de terre promet des réformes pour mieux prendre en compte les réalités sociales. 


Marie TERANNE | Reportage Victor Topenot, Frédéric Petit

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