Marche contre l'antisémitisme : la présence du RN dérange, la gauche réclame un "cordon républicain"

par Aurélie LOEK avec J.F
Publié le 8 novembre 2023 à 9h49, mis à jour le 10 novembre 2023 à 18h22

Source : TF1 Info

A l'appel des présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, une marche contre l'antisémitisme aura lieu ce dimanche à Paris.
Le Rassemblement national a très vite indiqué qu'il y participerait.
Mais sa présence est décriée, notamment par la gauche qui réclame la mise en place d'"un cordon républicain".

Un consensus politique toujours introuvable. À la suite de l'appel à une "grande marche civique" contre l'antisémitisme ce dimanche 12 novembre, passé par le président du Sénat Gérard Larcher et la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, la présidente du groupe du Rassemblement nationale, Marine Le Pen a appelé "l'ensemble des adhérents et des électeurs" de son parti à se rendre à cette manifestation. Une présence qui embarrasse et fait presque l'unanimité contre elle dans la classe politique. La gauche réclame même la mise en place d'un "cordon républicain" pour éviter de se mêler à l'extrême droite.

"Le RN n'a pas sa place dans cette manifestation", selon Véran

"J'appelle l'ensemble de nos adhérents et de nos électeurs à venir se joindre à cette marche", a lancé l'ancienne candidate d'extrême droite à la présidentielle sur RTL, alors que l'initiative avait déjà été saluée par son parti. "Nous répondrons présents", avait écrit sur la plateforme X Jordan Bardella, le président du RN.

À l'annonce de cette manifestation, la majorité et la droite ont également immédiatement annoncé leur présence, même si le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a estimé que le parti n'avait "pas sa place" dans la manifestation. "Nous avons entendu ce qu'a dit Jordan Bardella, qui ne savait pas si Jean-Marie Le Pen était antisémite. La justice française a répondu à cette question en le condamnant pour antisémitisme. De ce fait, à mon sens, le RN n'a pas sa place dans cette manifestation", a-t-il déclaré à l'issue du Conseil des ministres, bien que chacun soit "libre en conscience de participer ou non"

A gauche aussi, la présence du RN a été unanimement décriée. Mais seule La France insoumise a décidé de ne pas y participer, parce qu'elle n'appelle pas à un cessez-le-feu au Proche-Orient, et parce que l'appel a été rapidement "rallié par Marine Le Pen et Jordan Bardella", ce qui démontre "combien l'ambiguïté des objectifs de cette démarche permet les soutiens les plus insupportables"

Un "cordon républicain" ?

Socialistes, écologistes et communistes ont eux fait part de leur intention d'être présents, tout en indiquant ne pas vouloir défiler aux côtés de l'extrême droite (outre le Rassemblement national, des membres de Reconquête comme Eric Zemmour et Marion Maréchal seront également présents, ndlr). Aussi leurs trois chefs de partis proposent de réaliser "un cordon républicain" pour "distinguer dans la manifestation un cortège rassemblant tous les républicains et progressistes d’une part et le Rassemblement national et les forces d’extrême droite d’autre part, auxquels nous ne reconnaissons aucune légitimité à manifester contre l’antisémitisme".

Ils demandent aussi à Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, à l'initiative de cette marche, de "déclarer publiquement que les forces d'extrême droite ne sont pas les bienvenues".

Appel à "une forme de dépassement"

Saluant la tenue de cette marche contre l'antisémitisme, Elie Korchia, président du Consistoire central de France, a appelé ce mercredi matin sur LCI à "une forme de dépassement" politique. Revenant sur la présence du Rassemblement national, héritier du Front national, fondé par Jean-Marie Le Pen, condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme, et un ancien Waffen-SS, Elie Korchia a reconnu une "tentative de dédiabolisation" de la part de l'extrême droite ces dernières années. 

"Quand il y a une marche contre l'antisémitisme à la demande du Sénat et de l'Assemblée nationale, je crois qu'on doit être tous dans la rue", a néanmoins affirmé le responsable de l'institution qui administre le culte israélite en France. "Je crois que la rue est à tout le monde. Tous ceux qui veulent marquer leur soutien aux Français qui sont attaqués pour de l'antisémitisme. Ce n'est pas une marche politique", a-t-il encore ajouté.

Suite aux attaques menées par le Hamas en Israël, le 7 octobre dernier, le nombre d'actes antisémites se sont multipliés en France. "En quatre semaines à peine, plus de 1000 faits ont été enregistrés, soit deux fois plus qu’au cours de toute l’année 2022", ont noté les présidents des deux chambres du Parlement dans une tribune publiée par le Figaro et dans laquelle ils appellent à la mobilisation.


Aurélie LOEK avec J.F

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