De plus en plus développée en France, la fête d’Halloween se tiendra mardi 31 octobre.Si beaucoup de familles la célèbrent désormais, ses origines et traditions restent souvent mal connues.Retour avec une historienne spécialiste de la question sur les différents rituels entourant cette fête frissonnante.
Se faire peur en famille et ramasser des bonbons. Voilà le programme attendu, mardi soir, dans de nombreux foyers, à l’occasion de la célébration de la fête d’Halloween. Comme tous les ans, petits et grands se déguiseront pour effrayer les voisins chez qui ils iront chercher des bonbons, à la veille de la fête des morts, la Toussaint.
Malgré une popularité grandissante d’année en année, les racines des traditions d’Halloween demeurent encore mal connues par la plupart des adeptes de cette fête. Avec le regard d’une historienne, retour en quatre questions sur les origines des célébrations du 31 octobre.
Depuis quand fête-t-on Halloween ?
À l’origine, Halloween est une fête dérivée de la fête celte de Samain, célébrée en Irlande à cette période de l’année. Si cette fête est très ancienne, elle commence vraiment à se répandre à partir des XVIIIe et XIXe siècle. Le 31 octobre, on célèbre d’abord le jour de "la veille de tous les saints", une nuit avant la Toussaint. "C’est une fête liée à la présence du noir et de l’obscurité, explique à TF1info Nadine Cretin, historienne, anthropologue, et spécialiste des rituels festifs et spirituels. Dans l’hémisphère Nord, on avance vers le solstice d’hiver, il fait de plus en plus sombre : la nuit a toujours été propice aux revenants et aux créatures surnaturelles. Il y avait déjà de quoi frissonner avec ça.”
Pourquoi joue-t-on à se faire peur lors d’Halloween ?
L’immigration de centaines de milliers d’Irlandais au XIXe siècle aux États-Unis contribue à la popularisation de la fête outre-Atlantique. Ils fuient alors la famine liée à la crise de la pomme de terre sur leur île natale. C’est donc aux États-Unis qu’Halloween va véritablement se développer, jusqu’à sa forme actuelle.
"Avec son américanisation, Halloween a alors beaucoup changé, raconte Nadine Cretin. On commence à voir des enfants se déguiser, à voir apparaître la figure de sorcières…" La fête prend surtout un tournant bien plus effrayant, avec de nombreuses références à la mort. "Les traditions d’Halloween ont été amalgamées avec celles de la fête des Mexicains, 'el dia de los Muertos', continue notre spécialiste. Cette date et celle de Samain ont été confondues et cela a donné lieu à cet aspect macabre d’Halloween."
Pourquoi les enfants réclament-ils des bonbons ?
À Halloween, les enfants ont pris l’habitude d’aller réclamer des bonbons aux portes des maisons. Mais autrefois, cette pratique n’était d’abord pas forcément liée à cette fête en elle-même, rappelle Nadine Cretin. "La tournée des enfants peut aussi se retrouver à d’autres périodes : à Noël, les enfants venaient apporter leurs vœux, par exemple. On pouvait aussi retrouver ce genre de tournée lors du carnaval de Mardi gras, parfois à Pâques…"
Dans le cas d’Halloween, l’arrivée des bonbons dans les sacs des enfants reste très récente. Traditionnellement, des pommes, des noix ou des noisettes leur étaient distribuées à la place, Halloween ayant longtemps été associée à une fête marquant la fin de la saison agricole, en plein automne. Gare à celui qui n’offre rien aux enfants sur son perron : il s’expose alors à une malédiction !
Pourquoi la citrouille est le symbole d’Halloween ?
Là aussi, c’est aux États-Unis que la citrouille devient progressivement l’emblème de la fête. À l’origine, on creuse d’abord des légumes : une courge, une betterave, une grosse pomme de terre… "Ils sont creusés en forme de spectre, et on pouvait les porter à bout de bras lors de la tournée de maison en maison", précise Nadine Cretin. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle, avec l’américanisation de la fête, que la citrouille devient l’emblème d’Halloween. Mais, bien trop lourds pour être transportés, ces légumes très populaires aux États-Unis restent cantonnés aux jardins et aux décorations près des maisons…